La place de la sophrologie dans le cadre de l’accompagnement du stress post traumatique

Le stress post-traumatique (SPT) est un trouble psychique pouvant survenir à la suite d’une exposition à un événement traumatique majeur. La prise en charge de ce trouble repose sur une approche pluridisciplinaire intégrant la psychothérapie et des disciplines psychocorporelles. Parmi ces dernières, la sophrologie s’impose progressivement comme un outil complémentaire de régulation émotionnelle et de rééducation du schéma corporel.


Le trouble de stress post-traumatique (TSPT), défini par le DSM-5 (American Psychiatric Association, 2013), se caractérise par quatre dimensions symptomatiques principales :

  • la reviviscence (flashbacks, cauchemars, intrusions) ;
  • l’évitement des stimuli associés au traumatisme ;
  • les altérations cognitives et émotionnelles (culpabilité, anxiété, perte d’intérêt) ;
  • l’hyperactivation neurovégétative (hypervigilance, irritabilité, troubles du sommeil).

Les traitements de base reposent sur les thérapies cognitivo-comportementales (TCC), l’EMDR, et certains médicaments. Toutefois, de nombreuses équipes pluridisciplinaires associent aujourd’hui des techniques de médiation corps-esprit, telles que la sophrologie, pour favoriser la régulation physiologique et la réappropriation corporelle.


En effet, la sophrologie s’inspire de la neurophysiologie, du yoga, de la phénoménologie et de l’hypnose. Elle vise à harmoniser les interactions entre le corps et le psychisme à travers trois grands procédés :

  • la respiration contrôlée, qui module l’activité du système nerveux autonome (réduction du tonus sympathique) ;
  • la relaxation dynamique, associant mouvements doux et attention dirigée ;
  • la visualisation positive, favorisant la restructuration cognitive et émotionnelle du vécu.

Sur le plan neurophysiologique, plusieurs travaux (notamment ceux de Deschaumes & Ferrer, 2018) suggèrent que ces pratiques stimulent la cohérence cardiaque, réduisent les taux de cortisol et renforcent la connectivité entre les structures limbiques et préfrontales, contribuant ainsi à une meilleure autorégulation émotionnelle.


Depuis les années 2000, la Direction centrale du service de santé des armées (DCSSA) en France a intégré des protocoles de sophrologie dans ses programmes de préparation et de récupération psychologique.
Les objectifs principaux sont :

  • la gestion du stress préopérationnel ;
  • la prévention de la désorganisation émotionnelle ;
  • la réinsertion psychocorporelle au retour de mission.

Des études internes (Armée de Terre, 2016 ; SIAé, 2019) rapportent une amélioration de la qualité du sommeil et une diminution du score d’anxiété mesuré par l’échelle de Hamilton chez les militaires ayant suivi un programme de huit séances de sophrologie en complément du suivi psychologique classique.

La sophrologie est également utilisée dans le cadre du suivi des victimes d’attentats ou de catastrophes naturelles.
Par exemple :

  • Après les attentats de Paris (2015), plusieurs associations de victimes (notamment Life for Paris) ont intégré la sophrologie dans leurs dispositifs d’accompagnement psychologique.
  • Des centres médico-psychologiques (CMP) ou unités de psychiatrie de liaison proposent aujourd’hui des séances de sophrologie pour les personnes souffrant de SPT, notamment dans les hôpitaux de l’AP-HP ou au sein de l’Institut de Victimologie de Paris.

Les bénéfices observés incluent une diminution des symptômes somatiques du stress, une amélioration du sommeil, et une meilleure tolérance émotionnelle aux souvenirs traumatiques (Bacqué et al., 2020).

La sophrologie est également utilisée :

  • dans la réhabilitation des soignants après exposition à des événements critiques (crise sanitaire, décès de patients) ;
  • auprès des forces de secours (pompiers, SAMU) exposées à des situations de stress extrême ;
  • dans le suivi post-catastrophe (séismes, accidents collectifs).

Les effets positifs de la sophrologie reposent sur la reconnexion corporelle et la revalorisation du vécu positif, deux dimensions souvent altérées dans le SPT.
La sophrologie s’intègre ainsi dans un parcours de soins global, en lien avec les psychiatres et psychologues référents.


La sophrologie constitue aujourd’hui un outil psychocorporel complémentaire dans la prise en charge du stress post-traumatique, tant dans les contextes militaires que civils.
Elle offre aux patients un moyen d’agir activement sur leurs symptômes, de restaurer leur sécurité intérieure et de retrouver une qualité de vie fonctionnelle.
Son intégration progressive dans les protocoles hospitaliers et associatifs témoigne d’une reconnaissance croissante de son intérêt clinique dans le cadre d’un parcours de soins global.

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